Ah bon ?
Et si ce qui nous plait était finalement ce qui nous convient le mieux ?
Et si on décidait que Mai durait du 1er janvier au 31 décembre ?
Ce qui me plait n’est-il pas ce qui me rend libre, belle, joyeuse, en santé ? … That is the question !
Et si cette petite voix intérieure, cette petite vibration de l’envie, ce frémissement délicat du désir était juste le murmure en nous de la Vie qui nous guide vers le meilleur, le mieux pour nous.. ?
Soit, mais alors il s’agit de distinguer l’authentique élan vital et de ne pas le confondre avec l’appétit plus grossier du mental , celui qui m’entraine parfois dans le n’importe quoi, n’importe quand, vers le placard où se cachent les biscuits, le chocolat, vers le binge watching ou encore vers l’excès de paroles,…
S’entrainer à différencier la convoitise, la fringale, les sollicitations mentales de la fraicheur de l’élan , du désir, de la ferveur … c’est tout un enseignement d’Ayurveda.
Quand notre mental est perturbé, nous avons du mal à démêler ce qui nous fait du bien de ce qui nous fait du mal. Nous pouvons croire à la nécessité de manger telle ou telle substance, nous pouvons nous le faire croire aisément. Mais justement, si nous le croyons, il s’agit donc d’une idée, d’un concept. Très différent d’une expérience du corps et d’un ressenti. Or c’est le corps qui donne le signal, ce sont les cellules qui montrent le chemin de la santé profonde.
Une phrase lue il y a longtemps dans un bouquin de Deepak Choprah me revient en mémoire. Une idée qu’il développe est de manger des choses « pures » . Cela m’a longtemps interrogée. Mais je sens bien la différence, par exemple entre la « pureté » de fraises fraîches, savoureuses, gouteuses, et la lourdeur d’un Paris Brest , savoureux certes, mais gorgé de sucres, de graisses, de gluten… Pas question de condamner la pâtisserie pour autant, mais je trouve intéressant de focaliser ma conscience sur la différence entre les fraises fraîches et le gâteau dans leur effet sur le corps - avant même de les déguster. Autant de plaisir dans les unes que dans l’autre, mais pas la même vibration, pas la même énergie… pas le même petit frisson intérieur. Pas le même ressenti corporel. Les fraises appellent une fraîcheur en bouche, un ressenti de légèreté, que je n’éprouve pas dans le biscuit. Mon mental a autant envie des unes que de l’autre.. et le plaisir est élevé dans les deux cas mais, si j’écoute bien, la vibration du corps est très différente. Il ne s’agit pas de réfléchir mais de ressentir.
Prêter attention au ressenti intérieur face à la nourriture et aux plats, chez soi, chez des amis, dans un restaurant, c’est sans doute le plus important pour se nourrir correctement, c’est à dire d’une manière qui nous convient le mieux, et nous sommes tous différents. Attention, prêter attention au ressenti n’est pas prêter attention aux idées que je me fais sur les plats. C’est écouter une petite voix très subtile qui se manifeste à travers nos sensations physiques et physiologiques. Ce n’est pas une idée, un raisonnement , un concept ou un diktat - "le tofu c’est bon pour la santé" ou "le lait c’est mauvais pour tous". C’est une expérience réelle et physique, avant même de manger. Le mieux est de mettre nos sens à contribution : ce que je vois, sens, touche, goûte et que peut-être j’entends (un gargouillis, un grésillement de cuisson, le craquement d’une tige ferme, .. ) me donne t-il envie , crée-t-il un petit frémissement intérieur ? Nos sens sont nos meilleurs douaniers pour savoir ce qui peut entrer en nous et ce qui doit rester en dehors de nos frontières. Ils nous informent très bien , ils sont les gardiens du vivant. Ce qui me plait est alors ce qui me fait le plus vibrer et ce qui me garde le plus en santé.
Fraicheur, conscience, lumière, vitalité, joie … tels sont les marqueurs de ce qui nous convient le mieux, de ce qui convient le mieux à la Vie. Et nos sens en sont le garant. Exerçons-nous à les utiliser, entrainons nous à bien écouter leurs messages précis, directs, sans abstraction. Ça nous plait ou pas, ça nous appelle ou pas, ça nous fait vibrer ou pas. Point. Nous avons l’information avant d’ingérer le plat ou l’aliment.
Bien sur la vibration de l’aliment n’est pas le seul élément à considérer. Manger de belles et bonnes fraises bio savoureuses dans une ambiance de dispute, de stress ou de tristesse sera moins profitable. En Ayurveda, on recommande de manger quand le mental est apaisé, sinon la digestion est altérée. Et l’Ayurveda recommande aussi de partager nos repas avec des gens que nous aimons. Notons au passage que l’apéro, convivial, est alors réhabilité - le partage de la nourriture est de tout temps, dans toutes les cultures, un rituel important :-)
Ecouter ce qui nous fait vibrer le plus et suivre cette indication est un entrainement et une garantie de longue et belle vie et donc de santé, c’est la martingale de l’Ayurveda. Donc faisons ce qui nous plait , en Mai et au delà, tous les jours de nos vies. Mettons plus de vie dans nos vies !
Bon Mois de Mai à tous
> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France