Une fois de plus l’intelligence du vivant m’émerveille..
Comme chaque été, je parcours les forêts alentours pour me baigner dans les énergies des sapins, des épicéas et de la mousse… mais plus que la sylvothérapie, je pratique surtout la champignonothérapie… j’ai toujours le regard au sol, et je traque bolets, sanguins, cèpes et girolles …. je passe des heures - merveilleuses - dans les forêts enchantées autour de chez moi en montagne. Balades hors sentier régénérantes et contact direct avec les arbres, les rochers, les mousses, les fougères, les enchevêtrements de racines, les fourmilières, l’humus.
Dans mon coin favori - non non n’insistez pas, je ne vous dirai rien sur la localisation précise - je viens de trouver plusieurs kg de chanterelles. Outre la joie enfantine de déceler l’orange vif de leur chapeaux, de les cueillir et de voir ma besace s’alourdir plaisamment, un grand ouf de soulagement m’a envahie. Ces dernières années, dans ce même coin de forêt, je ne trouvais plus guère de champignons. Cela créait, à chaque sortie, un peu de frustration bien sûr mais surtout un sentiment de désolation et de tristesse profonde. Etait-ce la fin des champignons ? Avais-je trop cueilli inconsidérément ? "sur exploité" ce coin ? Avais été négligente en coupant mal les pieds et en endommageant les mycéliums ? Verrai-je à nouveau des belles plaques orange vif après une poussée ? Devrai-je désormais me contenter de quelques exemplaires rachitiques ? Les coupes de bois des arbres abattus suite au Bostricht avaient elles tari et asséché les chanterelles et les autres espèces ? La sécheresse que j’avais vu s’installer en quelques années - une dizaine - était elle responsable ?
Mais suite aux pluies torrentielles de juin, les mousses à nouveau imbibées, voire ruisselantes, ont soutenu la naissance et la croissance de champignons de toute espèces.
Et franchement, au delà de la perspective des savoureuses omelettes aux chanterelles, des conserves de cèpes à l’huile et au vinaigre tant appréciées l’hiver, mon coeur était tout guilleret de retrouver des conditions favorables d’hygrométrie dans la forêt. "L’eau c’est la vie » ne cesse de répéter Noel, le jardinier qui m’apprend plein de choses … Je le sais et c’est bien au delà de la connaissance livresque, ça se passe dans mes cellules. Et la signature en est la joie.
A posteriori je réalise que la sécheresse des années passées avait généré en moi beaucoup de tristesse et d’inquiétudes sous-jacentes… Le retour à la "normale" - ou en tous cas à l’abondance de l’eau - et le soulagement qu’il engendre créent une détente et une joie profondes. Mes cellules ont capté directement l’état de la forêt et comme tout être vivant, s’en sont réjoui. Je chantonnais tout au long des cueillettes.
Et une fois de plus, je m’émerveillai de l’intelligence du vivant qui adapte finement les êtres, les végétaux, les animaux, les humains aux conditions extérieures.
Si il n’y a pas assez d’eau, la vie l’économise et la concentre sur les quelques arbres, plantes et herbes qui sont les plus nécessaires pour la forêt et zappe les champignons qui ne pousseront que sur les sols les plus garnis de mousse et donc d’humidité.
Dans les zones les plus sèches, les champignons seront plus durs, ramassés, denses, avec de petits chapeaux. Dans les zones les plus humides, il seront plus grands, plus gros, gorgés de « jus », plus mous, absorbant comme des éponges les surplus et s’en nourrissant… Les uns et les autres ne sont pas « malades « mais adaptés, ajustés à ce qui est le mieux pour eux dans leur contexte de vie.
Nous pouvons faire confiance à l’intelligence du vivant qui nous ajuste aussi à ce que nous vivons au dehors mais aussi au dedans…
Cette intelligence de Vie qui veut toujours le meilleur pour nous et qui nous le propose, instant après instant.
La « maladie « est encore cette intelligence du vivant en nous pour faire au mieux avec ce qu’il y a pour nous.
La maladie est l’ajustement que nous propose l’intelligence du vivant compte tenu de tous nos paramètres - physiques, physiologiques, psychologiques, énergétiques,… pour nous adapter au mieux à ce qui se passe pour nous.
Ce n’est pas toujours si facile à comprendre et à accepter.
Alors au lieu de lutter et de nous battre contre la " maladie ", nous pouvons essayer d’entendre l’intelligence de vie et soutenir ses efforts pour nous ajuster au mieux.
Repos, diète et détente sont souvent les meilleurs alliés de l’intelligence de Vie, de cette force du vivant qui nous garde en santé à travers nos erreurs et nos errements.
Ca tombe bien pour le repos et la détente, c’est la période des vacances pour beaucoup d’entre nous.
Bien sur pour la diète c’est peut être moins facile - quoique chips et rosé faut voir à moyen terme :-)…
Mais dans cette détente estivale, peut être pouvons nous accepter d’entendre l’intelligence de vie qui nous susurre les meilleures idées pour prendre soin de nous et nous garder en santé et en joie !
Bon mois d’Aout à tous
> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France