2020 ! Whaouh ! Ça dépote ! 2020 quand même… je me souviens quand j’étais petite, déjà l’an 2000 paraissait si loin … l’an 2000 et son cortège de promesses et d’images de science fiction : on volerait dans des voitures-avions individuelles, tout le monde aurait le téléphone (filaire, bien sur … on était tres loin d’imaginer le cellulaire, individuel, mobile, portable), on vivrait dans des villes nouvelles un peu étranges, vêtus de combinaisons orange et bleues comme dans Startrek , etc … et nous voilà déjà en 2020, soit déja 20 ans après l’an 2000 … oui ça dépote … !
Mais que ce soit 1970, 2000 ou 2020 … peu importe le passage, les transports aériens et les vêtements moulants … ce qui compte c’est le présent, le vivant du présent.
Comment bat notre coeur aujourd’hui, maintenant , à cet instant … comment circule notre sang, comment fonctionne notre système digestif là, maintenant - juste la - c’est la seule chose qui compte en matière de santé profonde : comment nous nous sentons maintenant. C’est de cet instant là, de ce ressenti là que tout peut démarrer, à chaque instant. Si je me sens bien, je peux déjà goûter cette sensation et en faire un point de repère sensoriel précis, je peux « travailler « à le maintenir , si je me sens mal, regarder ou écouter ce qui se passe et trouver des ajustements pour améliorer le bien-être immédiat et à court et moyen terme. Si je sens que j’ai trop mangé et que je suis en train de finir de digérer le repas précédent - exemple choisi au hasard ?! - je peux lever le pied, attendre un peu pour ingérer autre chose quels que soient les arguments de mon mental pour me persuader de manger une tartine, un chocolat, ou quoi que ce soit … idem pour ma fatigue … quelle que soit l’heure, je peux m’accorder un peu de repos si j’écoute vraiment mon corps et mes cellules…
J’ai fait récemment une expérience très instructive quant aux différences entre mes ressentis réels et mes pensées : une séance de Yoga du froid . Il y avait un stage chez moi et l’enseignant m’a invité à participer à la première matinée. J’ai eu la bonne idée d’accepter ! Après il a dit : « Tu mets un maillot de bain et 4 couches de vêtements" et là, j’ai commencé à douter de mon élan initial ! Mais ce qui est dit doit être fait et donc le lendemain à 7.30 du matin j’ai rejoint (et minces le groupe … Après une bonne séance de préparation dans la salle de yoga - respirations diverses, étirements, torsions etc - nous sommes sortis méditer dans la neige. Il faisait 0° , les flocons valsaient. Assis sur de petits - et minces - tapis en caoutchouc, nous avons médité longtemps, enlevant une à une nos couches de vêtements. Le curieux était la différence entre ce que racontait mon mental et l’expérience que faisait mon corps… le mental disait : "il fait froid, la vache ça caille, oh la la , est-ce que tu vas y arriver , oh la la ca va être froid , de plus en plus froid , et avec tout ça tu vas surement tomber malade, quelle idée, pourquoi t’es tu lancé là-dedans, est-ce que vraiment il faudra finir en maillot de bain, c’est bien long cette méditation, est-ce qu’on va bouger etc…" tout un cinéma bien fourni, tandis que le corps, lui, s’activait tranquillement pour faire face à la réalité… à chaque couche de vêtement ôtée. Finalement, le corps explorait de nouvelles sensations puis retrouvait un certain équilibre et les ressentis étaient plutôt agréables, une fraicheur très supportable sur la peau, les flocons qui mouillaient un peu, le toucher du vent sur les parties découvertes du corps, la perception de la circulation qui s’activait pour répartir la chaleur… la diffusion du feu depuis le ventre, et au final, quand nous nous sommes retrouvés en maillot de bain étendus dans la neige, sur le dos puis sur le ventre - bon j’étais quand même heureuse d’avoir mis un maillot une pièce ! - , c’était plutôt chouette , en tous cas bien loin du scénario catastrophe que mon mental s’acharnait à fabriquer de son coté.
Puis nous avons été invités à rentrer nous mettre bien au chaud sous la couette, puis à boire un bon thé.
Mon corps se sentait bien, vivant, régénéré, … et mon mental n’en revenait pas !!
Cela a été un grand enseignement : écouter vraiment le corps, écouter et distinguer ce que le mental raconte et bien faire la différence entre les infos venues du corps et les idées et élucubrations du mental. Surtout ne pas confondre les pensées, qui restent des suppositions et des anticipations avec les sensations réelles qui passent par les sens, directement, en court-circuitant le cerveau ..
Pour moi, c’était une belle façon de commencer l’année : rester au plus proche du senti, des sens, et repérer, sans leur donner trop d’importance, les idées, pensées, concepts qui ne cessent d’émerger. Ils n’ont pas vraiment d’existence réelle mais ils nous font prendre des vessies pour des lanternes aurait dit ma grand mère. Alors restons du mieux possible, au plus près de la vérité des sensations…
A chaque instant, je peux écouter comment je me sens vraiment … pas comment je crois que je me sens, ou comment je pense que je me sens. Mais plutôt une expérience directe et réelle de ce que je ressens… laisser le mental raconter son histoire de son coté, sans trop en tenir compte et s’appuyer sur les ressentis, véritables gardiens de notre corps et de notre intégrité.
Bien sur on sait tous cela, mais l’expérience directe, les fesses dans la neige, était vraiment probante !!
Même sans tapis volants, Startrek ou villes de science fiction, je vous souhaite une année 2020 sensationnelle et sensuelle : des sens, des sensations, des émotions, de l’aventure, et tout et tout ..
Eveline Mathelet
> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France