Le Yoga du froid

Vincent Maréchal est adhérent à l’association. Son expérience et sa connaissance de l’Ayurveda font de lui un expert dans beaucoup de domaines comme les cures ayurvédiques.
Il a choisi de nous présenter son expérience du Yoga du froid, qu’il a pratiqué sous la direction de Maurice Daubard (éminent spécialiste du Yoga du froid tibétain), de nous transmettre son expérience ayurvédique (prise de pouls et observation des phénomènes physiologiques), et ses conclusions sur cette pratique.

Qu’est ce que le yoga du froid ? Quelles en sont les actions ?

Le yoga du froid ou Toumo est une technique qui permet d’optimiser les fonctions métaboliques et une meilleure adaptation aux variations de températures. Il améliore la digestion et stimule même la libido. On a constaté après les exercices de Toumo que l’appétit était stimulé ce qui n’a rien d’étonnant vu la dépense calorique engendrée.
L’homme moderne manque de rusticité et de résistance à l’environnement. Si le confort l’a certes soulagé de certaines calamités, il l’a aussi rendu plus faible.
Les adeptes du Toumo ont constaté une amélioration significative de leur santé par cette pratique (données vérifiées par les mesures scientifiques et confirmées par l’Ayurvéda).
Cette technique pourrait être une solution intéressante pour faire face aux problèmes de santé et au ramollissement des êtres humains. Elle pourrait permettre à l’homme moderne de mieux résister à l‘instabilité climatique qui semble devenir un fléau.

Comment se déroule la pratique ?

Selon la méthode de Maurice Daubard le yogi, pour se préparer, pratique des exercices de souffle.
Il s’expose ensuite au froid, en rentrant dans un bain d’eau glacée.
Le corps du yogi est immédiatement saisi par un froid intense qui entraine, dans un premier temps, une excitation nerveuse accompagnée de quelques respirations haletantes.
Seule une attitude ascétique et déterminée permet de dépasser cette phase difficile.
Dans les instants qui suivent le corps s’accoutume au froid et le yogi commence à ressentir une euphorie. Un engourdissement partiel des membres et du corps va se manifester et entrainer une disparition progressive de la sensation de froid pour laisser place à une impression de chaleur.
Lorsque le yogi sort de son bain glacé, il ne se sèche pas, ne se rhabille pas pour se réchauffer, il part courir à pied dans la nature afin d’intensifier son exposition au froid.
Quand l’exercice est fini, le yogi se rhabille sans pour autant chercher à se réchauffer (par une douche chaude par exemple).
Une dépression thermique se produit alors, manifestant une sensation de froid corporel intense, accompagnée de frissons.
Très vite tout rentre dans l’ordre et le corps se réchauffe naturellement.

Comment l’Ayurvéda explique que le yoga du froid améliore la condition globale et la résistance du corps, régénère les tissus, et relance le fonctionnement des corps déficients en immunité et en énergie ?

L’Ayurvéda est une tradition plusieurs fois millénaire, basée sur la sagesse profonde et une vision holistique du vivant.
Par ses principes de base, justes et immuables, elle apporte une compréhension très claire des mécanismes de la vie et une explication logique des processus physiologiques du yoga du froid.
Selon l’Ayurvéda, l’action du froid contracte et préserve les tissus tandis que le chaud les dilate et augmente l’agitation métabolique. En cas de fièvre l’Ayurveda préconisera des préparations de saveur amère, rafraichissante pour leur action constrictive et réductrice des fortes températures.
De même, pour favoriser la vigueur des tissus, éviter la déliquescence et le vieillissement prématuré des cellules elle favorisera une action stimulant l’effet constrictif des tissus.
Le froid a cet effet constrictif. Il diminue l’entropie métabolique et rend de ce fait les tissus plus sains

D’un point de vue ayurvédique comment expliquer l’action du yoga du froid ?

En reprenant les principes fondamentaux des trois Doshas Doshas Forces vitales principales du corps ou humeurs biologiques au nombre de trois :

- Vata : air,énergie du mouvement

- Pitta : feu, énergie de la transformation

- Kapha : terre, énergie de la cohésion
L’ayurveda n’est essentiellement rien d’autre que la science des Doshas.
et leur métaphore (voir encadré) Le yogi en se préparant avec des respirations augmente le « tirage de
l’air »dans son corps comme pour attiser le feu interne.
L’immersion dans le bain glacé génère du froid dans sa physiologie et a pour conséquence instantanée d’augmenter le dosha Dosha Forces vitales principales du corps ou humeurs biologiques au nombre de trois :

- Vata : air,énergie du mouvement

- Pitta : feu, énergie de la transformation

- Kapha : terre, énergie de la cohésion
L’ayurveda n’est essentiellement rien d’autre que la science des Doshas.
Vata Vata Humeur biologique de l’air (air) et de diminuer le dosha Dosha Forces vitales principales du corps ou humeurs biologiques au nombre de trois :

- Vata : air,énergie du mouvement

- Pitta : feu, énergie de la transformation

- Kapha : terre, énergie de la cohésion
L’ayurveda n’est essentiellement rien d’autre que la science des Doshas.
Pitta Pitta Humeur biologique du feu ..
En Ayurvéda le principe d’augmentation et de diminution s’explique par le fait que lorsqu’on expose le corps à une qualité, le dosha ayant des qualités similaires augmente et celui ayant des qualités opposées diminue.
La contraction des vaisseaux sanguins, la douleur générée par le froid, l’engourdissement des membres, l’euphorie psychique sont des manifestations typiques de l’augmentation de Vata Vata Humeur biologique de l’air dans le corps.

Comment l’Ayurvéda explique le réchauffement corporel qui survient après l’exercice ?

Les exercices respiratoires préliminaires du yogi ont augmenté le feu (Pitta Pitta Humeur biologique du feu ). L’immersion dans le bain glacé a augmenté l’air (Vata), suffisamment pour
éteindre le feu quelques instants et faire chuter la température.
Le feu renait des braises qui avaient été fortement attisées et produit immédiatement un réchauffement du corps.
Le frisson thermique qui s’exprime après l’épreuve du froid est du à la très forte consommation de calories pendant la pratique.
Le feu interne ayant du brûler une grande partie des réserves du corps, celui-ci manifeste des symptômes de réajustement et de manque énergétique tels que frissons, fatigue ou sensation de froid.
L’appétit qui suit indique le besoin de recharge énergétique.
On a constaté que la pratique du Toumo faisait maigrir les obèses en améliorant leur métabolisme et grossir les plus maigres en les rendant plus résistants.

Quels sont les pré-requis pour la pratique du Yoga du froid ?

Selon l’Ayurvéda il est nécessaire de stimuler le corps à bon escient pour éviter une dégénérescence, un ramollissement et la présence de toxines dans le corps.
Les exercices de Yoga du froid nécessitent de la résistance physique pour endurer des températures anormalement basses pour le corps. Les constitutions de type Kapha Kapha Humeur biologique de l’eau (résistance) et Pitta (feu) résistent généralement mieux et sont plus à l’aise dans cette pratique.
Si le corps est fragile ou manque d’entrainement il ne pourra supporter les chocs thermiques. Il est nécessaire de le préparer car on ne s’improvise pas yogi du froid. Il est important de respecter la méthode, le savoir faire, pour éviter des déboires tels que l’hydrocution ou un refroidissement.
La tête par exemple ne sera pas immergée dans l’eau glacée pour éviter un rhume de cerveau car c’est une des parties les plus fragiles du corps, avec une peau très fine

D’un point de vue ayurvédique quels sont les bénéfices de cette pratique ?

L’entrainement au Toumo s’avère un excellent moyen pour développer les qualités bénéfiques des forces vitales des trois doshas Doshas Forces vitales principales du corps ou humeurs biologiques au nombre de trois :

- Vata : air,énergie du mouvement

- Pitta : feu, énergie de la transformation

- Kapha : terre, énergie de la cohésion
L’ayurveda n’est essentiellement rien d’autre que la science des Doshas.
et réduire leurs tendances négatives. Le feu reprenant vie, il réactive des métabolismes déficients.
Le dosha Kapha Kapha Humeur biologique de l’eau gagnera en résistance, solidité, stabilité et réduira l’inertie, l’excès de poids, la congestion.
Le dosha Pitta neutralisera l’excédent calorique due à la surchauffe et l’acidité physiologique au profit d’un bon fonctionnement métabolique et d’une bonne adaptation aux variations de températures. Rien de tel qu’un bain glacé pour calmer les corps et esprits en ébullition !!
Enfin les déséquilibres de Vata comme la frilosité, l’instabilité, le dérèglement du métabolisme se réduiront, au profit des qualités positives comme l’enthousiasme, la bonne circulation du sang ou la rapidité d’adaptation.

L’analogie de la marmite sur le feu illustre bien l’étroite relation qui existe entre Vata, Pitta et Kapha qui ne peuvent fonctionner indépendamment l‘un de l’autre.
Parce que le Toumo agit de façon unifiée sur les trois doshas en améliorant la santé il porte le nom de yoga (Yoga en sanskrit signifie Unité).
Il pourrait être un outil intéressant pour l’homme moderne qui souhaite améliorer sa santé et retrouver une immunité forte.


Rappel simplifié de la théorie des 3 doshas…
Selon l’Ayurveda toute la physiologie du corps est régulée par trois humeurs biologiques ou Doshas : Vata, Pitta, Kapha.
Vata a les qualités de l’air, du mouvement, et de l’espace (léger, froid et instable). Il gère le mouvement de la circulation sanguine, de l’influx nerveux, du transit digestif. Vata est le mouvement de la vie qui attise le Pitta.
Pitta a les qualités du feu principalement (mobile, chaud et humide). Il agit sur la chaleur du corps, le métabolisme et la digestion par son pouvoir de transformation. Pitta est le feu qui réchauffe et cuit le Kapha.
Kapha a les qualités de l’eau et de la terre (froid, humide et collant). Il donne sa densité au corps, sa stabilité et son endurance. Kapha est la matière qui donne la structure physique du corps. Vata (l’air) attise Pitta (le feu) qui chauffe Kapha (la « marmite »).
On peut comparer la biologie d’un être vivant à une marmite sur le feu. Pour qu’un individu soit en bonne santé, les trois humeurs doivent être équilibrées les unes par rapport aux autres.
De la même façon pour qu’un plat mijote bien il faut régler les trois paramètres de l’air, du feu et de la marmite (Vata, Pitta, et Kapha). Si le tirage de l’air n’est pas bon, le feu sera trop fort ou trop faible et si la marmite n’est pas assez solide ou trop petite elle peut casser par manque de résistance.
Le feu doit être ajusté pour faire bouillir convenablement la marmite dont la taille et le remplissage seront adaptés à ses capacités.
Le concept du feu métabolique (Agni Agni Feu ou principe cosmique ) est très important en Ayurvéda puisqu’il participe à la purification du corps et de ses impuretés.
Lorsque Agni Agni Feu ou principe cosmique est optimum il élimine les toxines et brûle la graisse excédentaire.
Lorsqu’il devient agressif il peut « consumer » le corps et le fragiliser.